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Un lait de qualité pour des fromages AOC


Témoignage

Une logique de rentabilité et de qualité avec la betterave fourragère

Mr et Mme DECROOS
A quelques kilomètres de Péronne (80), dans une région de grandes cultures, le GAEC familial TARDIEU-DECROOS exploite 125 ha et possède un troupeau laitier de 60 vaches. C’est dans le but de privilégier la qualité du lait et la santé des vaches que la betterave fourragère a été intégrée à la ration quotidienne du troupeau. La moitié du cheptel laitier est de race Montbéliarde, choisie pour sa... Lire la suite

Témoignage

Un éleveur passionné choisit la betterave fourragère

Témoignage Vincent LE DRU
Située sur les hauteurs de Plouezoch, près de Morlaix (29), la ferme de Vincent LE DRU s’intègre bien dans ce lieu pittoresque du Finistère Nord. Eleveur passionné, il a choisi de limiter les traitements et les engrais et de donner à son troupeau des aliments naturels. La betterave fourragère s’inscrit tout naturellement dans cet engagement et Vincent LE DRU est convaincu des effets positifs de cet aliment frais et naturel sur la santé... Lire la suite

Eleveur à Cricqueville-en-Auge (Calvados), Jean-Luc Gaugain utilise depuis toujours la betterave fourragère ; un régime alimentaire qui s'inscrit particulièrement bien dans le cahier des charges de la laiterie - "Les Fermiers de Tradition" qui produit 2 fromages de grande qualité : les Livarot et Pont-Lévêque AOC.

"En fait, j'ai poursuivi le système que pratiquait mon père", indique Jean-Luc Gaugain. Installé fin 1993 sur 80 hectares en "tout herbe", il mène avec un salarié, un troupeau de 45 vaches laitières et "sort" parallèlement 30 bœufs par an (un quart en mâles Normand, le reste à partir de broutards Limousins) nourris essentiellement à l'herbe et au foin. Des animaux qui sont vendus "en confiance" à des bouchers parisiens. Le lait, environ 250.000 litres/an, est collecté par "Les Fermiers de Tradition". Installée à Boissey (Calvados), cette petite filiale (20 producteurs) du groupe Triballat élabore, à partir d'un cahier des charges particulier, des Livarot et Pont-Lévêque "haut de gamme".

L'alimentation du troupeau se fait au pâturage, avec du foin et un peu d'enrubannage d'herbe : "Je récolte environ 35 ha par an d'un bon foin de prairies. Si besoin, je fais également un peu d'enrubannage".
Le chargement assez faible (1,4 UGB/ha) et la nature des sols favorisent une longue période de pâturage. "Depuis 5 ans je ne complète qu'à partir d'achats d'aliments simples, tous autorisés par le cahier des charges, comme le blé, la luzerne, le tourteau de lin, et quelquefois des drèches de blé".
 

Profil de l'exploitation

SAU
80 ha (herbe)
 

Elevage laitier
45 vaches

 

Elevage bœufs
30 bœufs (Normands et Limousins)

 

Quota
250.000 l

Pas de défaut de goût pour le lait


Dans ce système, la betterave trouve tout naturellement sa place. "Nous faisons vêler à l'automne, c'est meilleur pour les courbes de lactation et les résultats techniques. Or, en hiver, le foin seul ne permettrait pas de maintenir une bonne production laitière et les vaches en état. La betterave est le seul produit frais et vivant qu'on puisse donner sur cette période. Elle est très énergétique et assure à la fois le bon état des vaches, des taux satisfaisants et une production laitière correspondant aux objectifs. Bien sûr, l'idéal reste toujours l'herbe de printemps et d'été ; mais en système foin/betterave le lait produit n'a pas de défaut de goût".

Jean-Luc a choisi de distribuer la betterave au godet hacheur. "Le hachage n'est pas vraiment une contrainte ; il est très rapide : à peine 2 minutes pour distribuer 500 kg de betteraves. De plus, il présente des avantages : avec des tranches de 5 à 10 mm d'épaisseur les animaux ne se volent pas la nourriture comme c'est parfois le cas avec les betteraves entières".

Jean-Luc Gaugain ne cultive pas la betterave fourragère, il a choisi de l'acheter à des voisins. En limite de la plaine de Caen beaucoup d'exploitants cultivent en effet betterave sucrière et betterave fourragère, l'approvisionnement est simple. "On n'a pratiquement qu'à attendre les offres de livraison, note Jean-Luc Gaugain. J'en achète environ 150 t par an à un prix de l'ordre de 18 €/t (2002-2003). Je vise 20 kg brut par vache et par jour, soit un coût journalier de 0,38 €/VL". Une précaution à prendre cependant : "Avec de telles quantités, il faut faire attention à la livraison et éviter les reprises successives : les betteraves blessées se conservent moins bien. Par ailleurs, je les conserve dehors et je ne les couvre que s'il y a risque de gel."

 

Un lait classé super A

Autre avantage de la betterave . " C'est un bon aliment pour la santé des animaux : pas de besoin de bicarbonate, pas d'hépato-protecteur, pas de chute d'appétit, pas d'acidose… et une vache en forme va produire un lait de meilleure qualité." La qualité et l'hygiène, justement, sont ici au rendez-vous, avec un lait en "super A" depuis longtemps. Un élément qui joue sur le résultat économique : le classement en super A ajoute déjà 0,6 centimes aux 1,8 centimes d'euros prévus par l'AOC. De plus, la laiterie donne 2,55 centimes aux éleveurs ayant uniquement des vaches de race normande et n'utilisant pas d'ensilage ". Avec des taux de 44 et 36 en moyenne, j'obtiens un prix de 0,41 € par litre de lait". Mais surtout, "Avec le régime foin/betterave, pas de germes pathogènes ni de listéria. C'est essentiel pour des fromages au lait cru !.

" Des observations confirmées par Marc Belhomme, responsable des relations avec les producteurs chez Triballat : "Au sein des AOC Livarot et Pont-Lévêque, les Fromagers de Tradition, qui collectent environ 4 millions de litres, souhaitent faire la différence au niveau du goût pour satisfaire leurs clients crémiers parisiens notamment. C'est ce qui explique ce "plus" par rapport au cahier des charges de l'appellation. Nous souhaitons que dans la mesure du possible, nos éleveurs évitent d'utiliser de l'ensilage. Pour ceux qui acceptent, la betterave fourragère constitue un très bon fourrage hivernal. Il faut cependant qu'elle provienne de la zone AOC. Ce n'est pas une difficulté dans la région proche de Caen. Si on tient compte du fait que la betterave a un effet favorable sur les taux, n'apporte pas de butyriques, on peut dire que c'est un très bon fourrage grossier. Elle contribue à maintenir la qualité organoleptique et sanitaire des fromages".

Un argument que l'on peut aussi avancer auprès du consommateur :"Bien sûr, estime Jean-Luc Gaugain, si on lui dit simplement que l'on utilise de la betterave, ce n'est pas très parlant. En revanche, quand on explique que la betterave est un fourrage à la fois sain frais et vivant, cela donne une bonne image à nos fromages".

 

Betteraves à partir du 15 novembre...

Jean-Luc Gaugain commence à distribuer de la betterave "le plus tard possible, c'est-à-dire quand il commence à geler ou qu'il pleut trop et que je dois enfermer les vaches la nuit… souvent vers le 15 novembre. Au départ, cela fait un repas quotidien, soit 10 kg de betterave. Puis, lorsqu'elles restent en bâtiment toute la journée, je passe à deux repas, soit 20 kg par vache".

"Selon le temps, le reste de la ration est constitué d'un peu de pâturage et toujours du foin à volonté, la balle étant déroulée devant les animaux. Soit en moyenne 13 kg de MS de foin. Je mets directement sur les betteraves le complément de blé aplati (1 à 2 kg) et le complément azoté (par exemple 0 à 2 kg de drèches). Ce qui assure une production hivernale de 20 l/VL avec des taux autour de 44 et 36".

 

La betterave fourragère pour mon élevage